Irma la Douce

Les véhicules du film « Irma la Douce »

arc de triomphe paris

Dans la série « des véhicules et des films », il ne faut pas manquer de voir ou revoir «Irma la douce» de Billy Wilder, avec Jack Lemmon et Shirley Mac Laine (1963). Du très bon comique, mais aussi une plongée dans le Paris des années 60 et plus particulièrement dans les halles de Baltard. Le film alterne beaucoup de vues des halles, aussi bien en intérieur qu'en extérieur et on sent que Billy Wilder s'est fait un vrai plaisir de situer certains plans au sein même des métiers de la viande, de la poissonnerie, des fruits et légumes : le film donnerait presque faim ! D'autres scènes du quartier des halles sont de toute évidence des décors, mais ils sont réalisés avec beaucoup de soin et constituent de petits chefs d'oeuvre de minutie et l'on retrouve tout ce qui faisait l'ambiance du quartier: les petits bistrots, les charettes à bras avec leurs piles de cageots... quelques véhicules qu'on a toujours plaisir à retrouver, même fugitivement.

balayeuse dinky toys

Le film commence par quelques scènes très matinales dont on pourrait penser qu'elles ont inspiré à Jacques Dutronc sa chanson «Il est cinq heures, Paris s'éveille». Un plan montre la Place de l'Etoile encombrée de seulement 3 arroseuses-balayeuse LMV, un beau ballet, puis on en voit une nettoyer la rue de la Paix avec sa gerbe d'eau et la colonne Vendôme en arrière plan.

Alors que la Ville de Paris ne possédait qu'une trentaine de ces véhicules avant-gardistes, ils furent reproduits en dizaines de milliers d'exemplaires par Dinky Toys qui, curieusement, choisit pour ce modèle, sans que cela lui nuise vraiment, des gros pneus à crampons pas très citadins...


balayeuse LMV balayeuse rue de la Paix

Dans une vue d'ensemble des halles en pleine activité, il n'est pas difficile d'identifier un Citroen 45 au premier plan tandis qu'à son museau se trouve un de ces curieux petits véhicules qui étaient omniprésents sur les lieux: un tout petit camion dont le gabarit lui permettait de se faufiler partout à l'intérieur même des halles. Malheureusement ces petits véhicules n'ont pas l'aura d'un Berliet GLR, d'un Unic Izoard ou d'un Willeme LD «nez de requin», et personne ne s'y est intéressé alors qu'ils furent aussi l'âme des halles. Ils apparaissent dans beaucoup de films, dès qu'une scène est tournée dans les halles. Avec leur encombrement réduit et l'histoire à laquelle tout le monde reste attaché (les mythiques halles de Baltard!), ils auraient toute leur place dans notre musée. J'ai longtemps cherché qui les avait fabriqués, en vain. Internet est muet à leur propos, comme le sont les magazines spécialisés. Et puis, divine surprise, un plan suffisamment rapproché d'Irma la Douce m'a permis cette identification: Salev en fut le constructeur. Marque disparue qui fut aussi en son temps inspiratrice de Dinky Toys avec sa belle grue d'atelier qui a ravi au moins une génération d'enfants.

Une des dernières productions de cette marque fut un étrange engin destiné aux Pompiers de Paris et capable de se faufiler dans les ruelles du vieux Paris. Avec sa direction couplée ou découplée entre ses essieux avant et arrière il pouvait màªme avancer en crabe et déployer son échelle Riffaud de 25m dans des espaces restreints. L'engin était construit sur la base d'un charriot élévateur tout-terrain 4x4 Salev TT15.

L'image est floue, c'est le logo inscrit à l'avant du mini camion. Il confirme qu'il s'agit bien d'un véhicule de marque Salev.




Dans cette autre vue, le voici en compagnie d'un bel Unic ZU. Ce tout petit camion avait un concurrent dont le bloc moteur avant tournait avec son unique roue motrice et directrice. Je n'ai malheureusement aucune information sur ce petit véhicule que Jack Lemmon conduit dans une scène du film. Ils semblaient aussi très répandus aux halles car ils sont très présents dans de nombreuses scènes du film. Plusieurs autres véhicules de l'époque font de courtes apparition telles une 2cv Citroën, une 4cv Renault ou encore une Dauphine "Pie" de la police parisienne.

Jack Lemmon Jack Lemmon

Gardons pour la fin et pour le clin d'oeil la scène du «panier à salade» (évidemment, aux halles, qu'attendre d'autre ?...). C'est donc avec bonheur que l'on voit surgir tout à coup et tout «pin-pon» un tube Citroën venu embarquer les femmes légères du quartier. La scène vaut dix et je vous laisse le plaisir de la (re)découvrir. Pour vous mettre en appétit, voici l'objet...

Tube de police Tube de police

Le décor est un régal de détails : des piles de cageots aux poissonniers « en costume » en passant par Mme Michu faisant ses courses, on a droit à un festival du quartier des halles des années 60!

Texte de Pierre Phliponeau
Images du film: Irma la douce
Mise en page d' Eric Dupuy
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