Le récit d'un collectionneur

camions

Michel Fonteny né à Corbeil-Essones, appartient à la catégorie des marginaux qui récupèrent, restaurent et logiquement collectionnent les véhicules anciens après leur restauration. Et pas n'importe lesquels, puisqu'il s'agit de camions civils anciens. Il est atteint par le virus des collectionneurs qui, Dieu merci n'est pas mortel, ne se soigne pas. Difficile à prévenir, il n'existe pas de vaccin. MICHEL pourrait avoir, vis à vis de certaines personnes dans notre monde, un défaut: celui d'avoir de l'humour, et de dire la vérité... Voyez la suite...

Le pourquoi de cette passion vient de naissance car il est né dans un milieu de transporteur. Son Père GILBERT FONTENY était artisan transporteur, une espèce en voie de disparition que nous devrions protéger aujourd'hui, et qui avait l'amour de leur métier et du travail bien fait. Ceci était dans cette profession comme dans toute autre, les artisans sérieux comprendront!

Tout gamin, ses premiers jouets étaient des camions à mécanique à clé en tôle imprimée et lithographiée comme tous les jouets de l'époque. Un peu plus grands, les DINKY-TOYS, C.I.J, J.R.D, SOLIDO, NOREV et les autres, allemands en particulier, arrivèrent dans la collection. Malgré l'utilisation intense de certains de ces modèles, ces véhicules sont encore là aujourd'hui! Sans se vanter, MICHEL a toujours été soigneux, ce qui explique que ses premiers camions sont toujours là. Et pourtant! Il ne faut pas compter les kilomètres parcourus par les BERLIET GLM benne MARREL DINKY-TOYS et GBO benne NOREV et SOLIDO ainsi que le SOMUA JL19 benne charbonnière C.I.J avec le nombre incalculable de mètres cubes de sable ou de terre transportés! Les WILLEME Nez de Requin LD610T DINKY-TOYS ont peut être été ceux qui ont charrié le plus lourd, car le fardier portait des branches coupées dans le jardin et qui, comparativement à l'échelle du camion, avaient un diamètre aussi gros que celui d'un baobab; et son frère qui tirait la semi-remorque bâchée FRUEHAUF, transportait parfois du sable jusqu'au sommet des ridelles, sans la bâche, et, là encore comparativement, l'ensemble devait approcher les 60 tonnes pour 35 autorisées. La flotte de ce transporteur n'a jamais eu d'accidents! S'il fallait calculer à l'échelle, ce seraient des millions de tonnes transportées et de kilomètres parcourus! Précisons quand même que, le gasoil ne coûtait pas cher et que, depuis, les pneus ont été changés. Sachez que pour petits et grands, les pièces détachées, cela existe...

Les camions en tôle étaient plus intéressants car ils étaient plus gros, ne consommaient pas plus, et comme toujours avec une préférence pour les bennes dans lesquels on chargeait du sable ou de la terre avec la pelleteuse mécanique et la grue de JOUSTRA. Naturellement ils transportaient plus. Les BERNARD benne JOUSTRA, le BERLIET GLR 8 MONTBLANC et le RENAULT Fainéant benne entrepreneur C.I.J étaient de la fête, avec, comme dans la réalité, des ridelles en bois ou gros carton pour transporter plus. Il n'y avait pas de contrôle de surcharge! Comme dans la réalité, le châssis du GLR n'a jamais plié. Quelle idée d'imiter les sénégalais qui chargent 25 tonnes sur un BERLIET prévu pour 10 tonnes sans pour autant casser le camion?

Parfois, une question se pose. Celle de savoir si les enfants des années 1960 étaient plus heureux ou malheureux que ceux d'aujourd'hui? Hier, le camion et les tas de sable, aujourd'hui l'ordinateur avec ses jeux? A méditer... Je serais tenté de penser aujourd'hui que l'un ne peut plus aller sans l'autre.

Par la suite, la collection s'est enrichie en complétant les collections manquantes de ces marques prestigieuses, puis l'arrivée des kits au 1/50 et 1/43, puis les allemands au 1/87 HO pour retracer l'historique des camions d'Europe Centrale et Orientale. L'échelle de prédilection des allemands étant le HO afin de coupler le rail et la route. Sans oublier non plus les camions exotiques: américains, japonais, russes, chinois, indiens, enfin africains... Là encore, de quoi se régaler en fabriquant des maquettes... Sans ignorer les documentations techniques récupérées avant la poubelle ou la benne dans les concessions, les dépôts, et enfin quelques une dans les bourses. Elles sont bien utiles pour réaliser des maquettes, surtout avec les plans. Un jour, la voiture s'est arrêtée à deux cents kilomètres d'ici. Le retour s'est effectué avec le coffre plein de documents, puis d'insignes de marques récupérées sur les capots, les bouchons de réservoirs ou les ronds de volants. La banquette arrière était basculée. Pour peu, il aurait fallu un petit camion. Pensez que tout cela devait finir à la benne! Le clou de cette récupération fut une documentation datant de 1911...

Arrive alors la Fondation Marius Berliet, le CAMION CLUB de FRANCE qui mettent dans le portefeuille deux cartes supplémentaires accompagnant le permis de conduire. C'est vrai, à ce moment là, la maladie empirait. Puis il y a eu le mariage. La vie de couple peut être une thérapie limitant légèrement l'aggravation de la pathologie, sans grands effets. C'est ainsi que la collection s'étendra dans les années 1980 aux véhicules à l'échelle 1. Le but était et est toujours de retrouver les véhicules de GILBERT et ceux conduits étant plus jeune. Actuellement ce sont des BERLIET et SAVIEM. Ces véhicules dont l'histoire suit sont immatriculés en Carte Grise de Collection et participent à des rassemblements et expositions de véhicules anciens ou des salons. Actuellement, seul le MAGIRUS-DEUTZ ne figure pas dans la collection...

Les rassemblements d'anciens permettent, comme les mots l'indiquent, de se retrouver entre vétérans, qu'ils soient véhicules ou propriétaires ou chauffeurs. Que de plaisirs d'entendre parler de ces engins, de leurs vies et de leurs chauffeurs et de leur travail. Et puis, il y a la convivialité entre nous et aussi avec nos visiteurs. On y retrouve l'ambiance de la route d'autrefois, qui n'est pas celle des abrutis d'aujourd'hui... Bien que disent certains avec leur langue de vipère, les conducteurs consomment nettement moins que leurs véhicules. Les reptiles se reconnaîtront...
Dans toutes les sorties nous faisons des curieux mais, surtout, des heureux. Rare aussi qu'un Africain ne demande pas si le BERLIET n'est pas à vendre? Il arrive aussi plus rarement de se faire insulter par un abruti parce que le véhicule ne roule pas assez vite à son goût! Même le week-end il est pressé... Il n'a pas compris que quelques uns aiment encore ne pas stresser, ni se faire prendre au radar. Car notre passion a une grande vertu: celle d'être une très bonne thérapie contre les radars!

Avis aux amateurs...

Cependant, MICHEL a d'autres centres d'intérêts. Malgré qu'il dise toujours que sa première femme s'appelle MARIE-HELENE et sa deuxième s'appelle BERLIET, il s'investi depuis des années dans bien des associations qui n'ont aucun rapport avec le camion. Peut-être aime-t-il s'em...

Heureusement pour MICHEL, ses véhicules sont aujourd'hui garés à l'abri dans des locaux lui appartenant. Car le gros problème des collectionneurs est la place. A suivre...