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Nos "Givrés" Dominique Bleunven et son compgnon, Alfred Pirois , se sont insérés dans le très célèbre et très british rallye de véhicules anciens: le "LONDON-BRIGHTON". Jacques Sabard, le compagnon fidèle de Dominique , n'a pu faire partie de l'expédition. http://jacques.sabard.site.voila.fr

Si rejoindre la cité balnéaire britannique de sa capitale est une aventure, c'en est une tout autre que de partir de la Sarthe, traverser la manche et monter jusqu'à Big-Ben dans un véhicule datant du tout début du 20ième siècle!!
Ci- desous les photos tout à fait exeptionnelles de cette expédition qui , nous ramènent cent ans en arrière!!
Le Camion Club de France, vous emmène pour un voyage dans le temps avec ces photos en noir et blanc !!! Bon voyage !!!


VERS L'ALBION EN DE DION


Rien de tel qu'un essai grandeur nature pour vivre intensément au rythme du début du 20ème siècle. Quelques kilomètres sur les traces de la Voie Sacrée auraient pu suffire, mais le parcours Nantes Carquefou - Londres nous a semblé plus adéquat pour mesurer toute la grandeur de l'événement.Laissons tout d'abord la parole au principal intéressé.


allez !! C'est parti !


" De naissance très honorable, De Dion Bouton, je suis un " gros père " de 2,5 tonnes, et mes dimensions respectables (pour l'époque), ne me font pas craindre quoi que ce soit. Ma vocation première, était de participer à la logistique de la guerre durant l'hiver 1915-1916. Et j'en ai gardé une petite marque, un trou de balle perforante de mitrailleuse sur l'avant droit du châssis. Cicatrice pieusement conservée par mon propriétaire. Nous fûmes 3 000 construits à la demande du ministère de la guerre en juin 1914. Actuellement nous ne sommes plus que trois recensés en France.

Roule roule sur les chemins de France!

Ma renaissance a commencé en 1994. Dominique a acquis mon châssis ainsi que le pont, l'arbre de transmission et mes quatre roues. Ce peu d'éléments me concernant ne l'a pas arrêté, bien au contraire. Loin de l'atelier, la recherche de documentation et de plans sur ma structure a commencé. Et c'est avec obstination et recoupement avec d'autres modèles de camions de la même époque que le travail de restauration a pu commencer. Chaque photo d'époque est scrutée pour déceler le moindre détail pouvant aider à me refaire identique à l'origine. Mon habit comporte une bâche qui recouvre mon plateau arrière. Un modèle a été précieusement retrouvé. Le tissu, nécessaire a ma nouvelle bâche, a été trempé dans une rivière avant la fabrication pour éviter le rétrécissement sur le camion lors d'une pluie. Astucieux non ! Je suis fait de bois, d'acier, d'aluminium, aussi Dominique et quelques amis ont travaillé dur pour me remettre en état. Le résultat me satisfait, mon gros nez rond, dont je suis très fier est fin prêt pour ma première sortie sur les Champs Elysée. C'était en 1998, déjà.

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Un bon soldat ne doit pas perdre le moral et se laisser aller !!!


Pour jouer les stars, j'ai aussi participé à deux films, " La chambre des officiers " et " The last bataillon ". Ma conduite demande du muscle, c'est pourquoi lors du long déplacement prévu, deux joyeux compères, Dominique et Alfred vont se succéder à mon volant. Dois-je dire que je suis aussi " givré " que mes deux compères ? Peut-être ? Voici l'histoire de notre voyage à trois. "

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Une petite photo pour mettre dans l'album.



Un départ difficile
Rendez vous est pris quelques jours avant le départ. Oh! Surprise, le De Dion qui doit partir dans 8 jours est entièrement démonté. Dominique a souhaité le repeindre pour faire honneur à nos amis anglais!!! Les freins sont à même le sol, le pont arrière à peine remis en place et, beaucoup plus ennuyeux, le radiateur Solex, tombé de l'élévateur lors du démontage, est fendu !
Alfred est catastrophé : "nous ne partirons jamais ! ". Dominique est plus serein : "Il reste une semaine". Jour et nuit l'équipe s'acharne et comme attendu, le camion n'est pas fini le mercredi suivant. Un petit espoir est pour le lendemain, mais il faudra attendre jusqu'au samedi pour voir la masse du De Dion s'ébranler en direction de Carquefou.
Un trajet de 15 kilomètres qui devient vite une véritable épopée... 3 heures de route, de multiples arrêts, 20 litres d'essence et près de 50 litres d'eau. Dominique descend en marche et en profite pour marcher à côté de son camion pour essayer de diagnostiquer le problème. A ce rythme là, l'Angleterre est bien loin…Solex (21K) Le moral des troupes est au plus bas. D'autant plus que le départ est prévu le lendemain matin. Objectif "Londres"!
L'humidité de la nuit aidant, le lendemain matin, sa majesté De Dion refuse de démarrer. Alfred retrousse ses manches et fini par diagnostiquer un problème de magnéto. Changement nécessitant quelque adaptation, 4 bougies neuves et un calage d'allumage revu à la hausse du côté avance.
Vers 13 heures, le départ vers Londres est enfin "officiel". Notre " gros père " de 88 ans ne faillira plus. Il retrouvera même des ailes. Après avoir desserré légèrement le bandage de frein arrière gauche qui chauffait, sa vitesse de croisière sur plat est maintenant de 35 km/h. Certes, les hauts de côte se franchissent à peu près deux fois moins vite, mais les bornes kilométriques s'égrainent doucement mais sûrement. Nort sur Erdre, Joué, Chateaubriant ; Alfred et Dominique se partagent même les commandes. L'un au volant l'autre jouant sur la manette des gaz. Dieu! Que la france est belle en De Dion Bouton 1914!

La première étape est à Servon en Ile et Vilaine. L'heure d'un premier bilan. "Malgré notre retard, nous sommes encore dans les temps pour prendre le ferry à St Malo". Prudent, Dominique avait pris des jours en réserve pour les billets de la traversée maritime. Quant à notre brave De Dion, toutes les injures non formulées à son égard ces derniers jours, se sont transformées en éloges. "Il n'a jamais roulé aussi bien". La consommation s'en ressent puisqu'elle n'est que de 45 litres au lieu des 60 attendus. Bravo à Alfred pour son réglage d'allumage inadapté depuis bien des années...

A nous les petites (routes) anglaises !!!
La route de Dol jusqu'à St Malô n'est qu'une formalité pour nos trois compères de plus en plus complices, bercés par les vibrations et le bruit amplifié par la résonance de la caisse. "On en attrape des fourmis dans les mains. On dort bien le soir !". C'est lors des premiers pas et tours de roues sur le sol anglais qu'ils se rendent définitivement compte qu'ils sont vraiment partis. " De Dion " doit rouler à gauche, Dominique et Alfred doivent se mettre à la langue de Shakespeare. Il est 9 heures du matin, nous sommes à Portsmouth. 140 km les séparent de Londres. 10 heures, "English Breakfast" et étonnement de quelques clients. Après cette immersion totale dans un autre monde, la capitale sera atteinte à 15 h 45 non sans quelques appréhensions face à la circulation plutôt dense. "Dans les ronds-points nous tournons le volant à deux". La direction assistée sera pour beaucoup plus tard.

L'extase
Le 41 ème "Londres to Brighton run", objet du voyage est au bout des efforts. Seule française, notre équipe l'effectue sans encombre face à une certaine indifférence des anglais participants. Que Neni, fois gras poêlé, saumon fumé et champagne les attendent sur la ligne d'arrivée. Ah c'est Français !!!

Faut s'en retourner
C'est dans un état second, la tête remplie de souvenirs impérissables que les Bleuets Givrés effectueront leur retour sur Nantes. Ceci explique probablement cet ultime petit incident : "Sur la route côtière entre Brighton et Portsmouth, le moteur s'est mis à tousser" inquiétude puis retour sur terre immédiat ! "On a oublié de faire le plein avant de partir !!". Le réservoir de 80 litres est vide, Dominique saute sur le bidon de secours (40 litres au total) et au fur et à mesure que le doux breuvage remplit le réservoir, le moteur qui tousse toujours reprend tranquillement ses tours. Soulagés et entièrement confiants, ils n'auront pas d'autres inquiétudes. Mais ils feront de multiples rencontres comme cet ancien combattant se pressant pour aller revêtir ses médailles pour LA photo souvenir au pied du De Dion. Les décorations étaient pour une autre guerre, mais qu'importe…

Les Bleuets givrés
Sous cette appellation se cachent deux hommes. Dominique Bleunven, propriétaire du De Dion Bouton FR. Il est un inconditionnel de la marque de Puteaux. Alfred Pirois, 59 ans, est un véritable passionné et possède aussi plusieurs véhicules de collection. Il a rencontré Dominique à l'occasion de plusieurs rallyes d'ancêtres. Au retour de leur périple, les deux compères auront cette très belle phrase : " Merci à M. Bouton pour sa conception et ainsi, de nous avoir donné autant de plaisir.On souhaite à d'autres passionnés de vivre le même rêve que nous "

Pour ce grand moment de bonheur, ils tiennent à remercier tout particulièrement, leurs épouses respectives, Sylvie , Régis de St Malo et Pascal de Londres.

Radiateur Solex.
1905, Maurice Goudard et Marcel Mennesson obtiennent leur diplôme de l'Ecole Centrale Paris. Ils n'ont pas attendu cette échéance pour s'intéresser de très prêt à la locomotion en pleine expansion. Encore étudiants, ils inventent et mettent au point un système de refroidissement pour automobile. Le radiateur centrifuge est né, mais sa forme ronde, liée directement à son principe de fonctionnement ne plait pas aux constructeurs automobiles. Chacun a déjà son image de marque à défendre. Image de marque qui est alors indissociable de la calandre… et du radiateur.
Pourtant, la Compagnie Générale des Omnibus lance un concours en 1909. Il s'agit d'équiper la flotte d'autobus parisien dont le réseau s'installe petit à petit. Goudard et Menneson, et leur nouvelle entreprise " Solex ", sont consultés. Les essais sont rudes, mais le radiateur centrifuge tient bon. Il équipera finalement 400 châssis sur base Schneider, mais aussi De Dion Bouton. Il est donc naturel que l'usine de Puteaux ait équipé notre " FR " du même type de radiateur. Lorsque le régime moteur de vient trop important, la vitesse de l'eau est augmentée, et une valve régulatrice agit directement sur la commande du papillon des gaz pour ralentir le moteur. Plutôt ingénieux !

Fiche technique DE DION BOUTON type FR 1914 Longueur : 6 m Hauteur : 3,75 m Largeur : 1,90 m Poids : 2 Tonnes 5 Charge utile : 3 Tonnes 5 Moteur : 4cylindres bibloc de 4.4 litres Puissance : 25 CV Boîte : 4 vitesses + marche arrière Vitesse maxi : 30 km/h environ Allumage : magnéto Victrix Refroidissement : liquide par thermosiphon et radiateur centrifuge Solex Roues à bandage plein. Freins à bandages uniquement sur les roues arrière. Photos souvenir du Londres to Brighton run (5 mai 2002) Le but du voyage de nos Bleuets Givrés était de participer à l'événement incontournable qu'est le 41 ème Londres to Brighton run. Pas moins de 15 catégories pour quelques 216 camions inscrits. Un voyage dans le temps de 1913 à 1970.

Corr. Sylvie et Franck Méneret


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